Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La citation du jour - Page 15

  • La citation du jour

     

    « Avant de les massacrer, nous donnons aux hommes dont il est devenu indispensable de se débarrasser des noms de bêtes – nous les métamorphosons en rats, en cloportes, en cafards, en chiens, en fourmis. Le joli nom de crouille, par lequel nous désignons les Arabes, n’est ce pas dans sa sonorité même, rappelant la grenouille, le margouillat, qu’on devine le talon qui se lève et écrase ? Écrabouiller le crouille, ce n’est pas tuer un être humain, c’est nettoyer le jardin de la terre d’un nuisible en ouille. Nuance… » 

     

    Antoine Audouard, L’ Arabe, L’Olivier, 2009

     

  • La citation du jour

    "De même qu'il n'existe pas de bon conte, il est illusoire de penser qu'il puisse exister un bon endroit, un bon moment, une bonne personne. Peut-être que l'existence elle-même est une erreur totale. Il se peut que nous menions tous des existences prisonnières de hasards absurdes et que nous perdions notre temps à chercher un ordre sous-jacent".

     

    Murathan Mungan, Quarante chambres aux trois miroirs, Actes Sud 2003

     

  • La citation du jour

    « C’est une guerre. Tu dois te cacher, tu dois résister. Il y a deux camps, avec des idées opposées : la France pays des droits de l’homme, et la France rassisse, moisie. C’est une guerre et nous faisons partie du mauvais camp. »



    Delphine Coulin, Samba pour la France, Seuil 2011

     

  • La citation du jour

     

    « Comment peux-tu accepter de ne pas te rendre dans la patrie d’une langue étrangère, dans le foyer d’une pensée différente de la tienne ? Le béret de l’étranger abrite peut-être des pensées et des réflexions qui n’ont jamais effleuré le dessous de ton fez : il se peut qu’elles te fassent méditer,  qu’elles suscitent en toi l’envie de connaître le cerveau qui les abrite » ?



    Faris Chidyaq, La Jambe sur la jambe, Phébus, 1991

     

     

     

  • La citation du jour

    « L’âme de la France, ç’a toujours été ses étrangers. Ce sont eux qui la rappellent à sa grandeur, car ils l’aiment pour ça. Il faut toujours en faire plus que les Français pour espérer devenir pleinement français sans se renier pour autant. C’est comme ça que ses « étrangers » tirent ce pays vers le haut. »



    Pierre Assouline, Les Invités, Gallimard, 2009

     

     

     

  • La citation du jour

    « J’avais oublié que l’amour vient de la tête et non pas du cœur. De tout le corps, seule la tête importe. Il suffit de toucher la tête d’un Vietnamien pour l’insulter, non seulement lui mais tout son arbre généalogique. C’est ainsi qu’un timide Vietnamien de huit ans s’est transformé en tigre furieux quand son coéquipier québécois  a frotté le dessus de sa tête pour le féliciter d’avoir attrapé son premier ballon de foot. Si une marque d’affection peut parfois  être comprise comme une offense, peut-être que le geste d’aimer n’est pas universel : il doit aussi être traduit d’une langue à l’autre, il doit être appris. Dans le cas vietnamien, il est possible de classifier, de quantifier le geste d’aimer par des mots spécifiques : aimer par goût (thich), aimer sans être amoureux (thuong), aimer amoureusement (yêu), aimer avec ivresse (me), aimer aveuglément (mù quang), aimer par gratitude (tinh nghia). Il est donc impossible d’aimer tout court, d’aimer sans sa tête.  J’ai de la chance d’avoir appris à savourer le plaisir de lover ma tête dans le creux d’une main, et mes parents ont de la chance de pouvoir capter l’amour de mes enfants  quand ces derniers leur donnent des baisers dans les cheveux, spontanément, sans protocole, pendant une session de chatouilles au lit. Moi, j’ai touché la tête de mon père qu’une seule fois. Il m’avait ordonné de m’appuyer sur lui pour sauter par-dessus la rampe du bateau ».


     

    Kim Thuy, Ru, Liana Levi 2010

     

     

  • La citation du jour

     

    "Je ne dis pas que j’ai à rougir de mes origines, mais j’ai peur de la différence. Je la sens, dans leurs yeux, quand nos mères marmonnent des phrases incompréhensibles pour eux, quand je dois camoufler un trou dans mes vêtements, quand je porte des chaussures trop petites, quand on n’arrive pas à prononcer mon nom. Cette barrière à franchir me laisse sans force.

     

    Ils ne disent plus rien. Je voudrais que l’un d’eux m’assure qu’il me comprend. C’est inutile, je le réalise soudain. Nous ressentons tous la même chose. Je le lis dans leurs regards fuyants. Mais ces sentiments doivent être tus. J’ai commis un impair, je devrais leur demander pardon. »

     

    Kethevane Davrichewy, La Mer noire, Sabine Wespieser, 2010

     

  • La citation du jour

    « J’ai cherché pour mon peuple un Paris chaleureux et j’ai trouvé un Moscou glacial (…). La France  de Diderot et de Voltaire m’a ouvert ses portes puis l’autre France, celle des képis et des uniformes, me l’a refermée au nez comme un valet aurait claqué la porte d’un château devant un mendiant ».



    Duong Thu Huong, Au zénith, Sabine Wespieser, 2009

     

  • La citation du jour


    « Rares sont ceux qui peuvent s’imaginer, dans leurs rêves, ce que cela signifie de devoir quitter sa patrie »



    Sherko Fatah, Le Navire obscur, Métailié, 2011

     

  • La citation du jour

    « Une appartenance ethnique – voire un patronyme – n’est qu’une étiquette du langage, il me semble. Ce n’est pas une identité.  L’identité est ce qui demeure primordial le long d’une existence, jusqu’au dernier souffle : la moelle des os, l’appétit flamboyant des organes, la source qui bat dans la poitrine et irrigue la personne humaine en une multitude de ruisseaux rouges, le désir qui naît en premier et meurt en dernier. »

     

    Driss Chraïbi, Le Monde à côté, Gallimard, Folio, 2003