"Je ne dis pas que j’ai à rougir de mes origines, mais j’ai peur de la différence. Je la sens, dans leurs yeux, quand nos mères marmonnent des phrases incompréhensibles pour eux, quand je dois camoufler un trou dans mes vêtements, quand je porte des chaussures trop petites, quand on n’arrive pas à prononcer mon nom. Cette barrière à franchir me laisse sans force.
Ils ne disent plus rien. Je voudrais que l’un d’eux m’assure qu’il me comprend. C’est inutile, je le réalise soudain. Nous ressentons tous la même chose. Je le lis dans leurs regards fuyants. Mais ces sentiments doivent être tus. J’ai commis un impair, je devrais leur demander pardon. »
Kethevane Davrichewy, La Mer noire, Sabine Wespieser, 2010