« Je prends le parti de l’innocence, justement, humblement, je prends le parti de ne rien comprendre, de ne rien savoir, et qui est souvent la seule force de l’enfance, qui est souvent la seule ressource nous menant à l’innocence, la seule voie éthique. (…) Savoir d’instinct, savoir sans le comprendre que la seule force, la seule valeur, la seule dignité, c’est de ne pas comprendre si comprendre nous fait renoncer à l’amour de l’autre. Voilà ce qui fonde, voilà ce qui fait la légitimité d’une existence. »
Frédéric Boyer, Quelle terreur en nous ne veut pas finir ? P.O.L 2015
« L’esprit d’enfance n’est pas l’infantilisme de la pensée ou de la sensibilité. Tout au contraire, on ne saurait le séparer de la vertu de lucidité virile. Il est le caractère fondamental d’un type supérieur d’humanité, de la forme achevée de l’homme digne de ce nom. (…) Il n’est pas un résidu mémorial, mais un mode d’être qu’il importe de conquérir, vers lequel il faut tendre par un effort véritablement héroïque.
Le premier don de l’homme-enfant est le sens aigu de l’essentiel. La vie, et même celle que l’on qualifie d’extérieure, il l’éprouve comme un courant spirituel et charnel qui passe en lui. (…) l’homme-enfant ne perd pas la conscience de sa participation au chœur. »
Jean Amrouche, Chants Berbères de Kabylie, 1938