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La citation du jour - Page 13

  • La citation du jour

     « Très tôt mon père a appris à vivre loin de ses parents, à ne pas s’enraciner, à s’en aller. La différence entre mon père et les autres, c’est qu’eux vivent entre un ici et un là-bas. Lui habite une terre, et puis une autre, et ça n’a pas plus d’importance que ça. »

     

    Samira Sedira, L’Odeur des planches, La brune au rouergue 2013

  • La citation du jour

    « A nous l’enfermement oriental télévisuel ! Depuis, les paraboles ornent toutes les façades du Val-Fourré, telles de grandes couscoussières d’extraterrestres. Grâce à cela, on peut dénombrer les Arabes dans un immeuble, car les Africains n’en sont pas très amateurs. Qui sait si  la parabole n’est pas, en fait, qu’un attrape-Arabe ? »

    Salima Senini, Du côté de chez moi, Les Arènes, 2013

  • La citation du jour

    « Dans ce que j’observe et ce que j’entends, je m’agace de voir ressurgir des revendications réchauffées, des postures opportunistes et des rapports de forces qui n’ont pas lieu d’être, et je me dis que cela doit agacer beaucoup de nos concitoyens.  L’esprit, l’amour, la fraternité, tout ce qui fait la noblesse de la Marche, sont foulés aux pieds par d’aucuns qui, trente ans après, prétendent en être les héritiers ou les nouveaux porte-parole. Que l’on ne me disent pas que j’ai un discours naïf : on m’a déjà fait le coup il y a trente ans (…). Je sais que le chemin de l’égalité est long, voire infini, mais il faut rester positif : il ne faut pas laisser transpirer de la colère, ou même, comme chez certains, la haine de soi et la haine des autres, parce qu’on ne construit rien avec ces sentiments. Alors voilà pourquoi je sors de mon silence et prends mon courage à deux mains pour dire : « Mettons dans nos cœurs et nos esprits une part d’humanité, une part d’amour, une part de don de soi, sans quoi on ne va plus se comprendre. »

    Toumi Djaidja, La Marche pour l’Egalité. Une histoire dans l’Histoire. Entretiens avec Adil Jazouli. Editions de l’Aube 2013

     

  • La citation du jour

    « Tout en mangeant et en buvant le vin, les hommes parlèrent des coutumes de leurs voisins.

    - Pas plus tard que ce matin, dit Obierika, je parlais avec Okonkwo d’Abame et d’Aninta, où les hommes titrés grimpent aux arbres et pilent le foufou pour leurs femmes.

     - Toutes leurs coutumes sont à l’envers ! Ils ne fixent pas le prix des dots comme nous, avec des baguettes. Ils se chicanent et ils marchandent comme s’ils achetaient une chèvre ou une vache au marché.

    - Ce n’est pas bien, déclara le frère aîné d’Obierika, mais ce qui est bien à un endroit est mauvais ailleurs. À Umunso, ils ne marchandent pas tout, même pas avec des baguettes. Le prétendant continue à apporter des sacs  de cauris jusqu’à ce que les parents de sa promise lui disent d’arrêter. C’est une mauvaise coutume parce que ça finit toujours par des disputes.

    - Le monde est vaste, dit Okonkwo. J’ai même entendu dire que dans certaines tribus, les enfants d’un homme appartiennent à son épouse et à sa famille.

    - Pas possible ! s’exclama Machi. Et pourquoi pas une femme qui s’allongerait sur l’homme pour faire des enfants ! »

     

    Chinua Achebe, Tout s’effondre, Actes Sud, 2013

  • La citation du jour

     « La religion représente le totalitarisme des idées. Je suis arabe mais je ne suis ni musulman, ni chrétien : je suis athée intégriste ! Les musulmans m’emmerdent autant que les chrétiens. Je trouve inadmissible que des gens, parce qu’ils croient en Dieu, vous imposent leur manière de vivre. »

    Mourad Boudjellal (avec Arnaud Ramsay), Ma mauvaise réputation, La Martinière, 2013

     

  • La citation du jour

    « Peut être que la vie en ghetto a-t-elle une valeur, mais les arguments que nous avançons pour nous ghettoïser sont les mêmes que d’autres utilisent pour nous exclure et garder le gâteaux pour eux. (...) C’est l’isolement qui crée la prison, bien sûr, et comme pour n’importe quelle prison, il y a réclusion de part et d’autre des barreaux. »

    Eddy L.Harris, Harlem, Edition Llana Lévi, collection « Piccolo », 2007

  • La citation du jour

    « En vérité, le ghetto, c’est dans la tête, dans l’esprit. Ce qui est nouveau pour nous, c’est de regarder notre banlieue de loin, de très loin même. Du coup, on voit les choses différemment. Revenir chez soi après avoir traversé, à pied, la moitié de la France et témoigner, dire qu’il y a des gens formidables, différents de nous qui nous ont accueillis, des gens qui ont soif de la même justice que nous, effarés de découvrir nos conditions de vie et solidaires de notre cause, ce sont des moments inoubliables. Le simple fait de dire que nous ne sommes pas seuls, et qu’il y a d’autres femmes et d’autres hommes, de toutes origines, qui souffrent et espèrent comme nous, était en soi un aveu. Le fait de parcourir quelques étapes de la Marche et de repasser par les Minguettes m’a fait toucher du doigt ce qu’est le ghetto mental dans lequel on nous a enfermés. C’est une sorte d’instantané de lucidité à l’état pur dont je me souviens comme si c’était hier. »

     

    Toumi Djaidja, La Marche pour l’Egalité. Une histoire dans l’Histoire. Entretiens avec Adil Jazouli. Editions de l’Aube 2013

  • La citation du jour

     

    « La dame qui a l'air de souffrir d'une constipation de trois ans : « Ces Arabes, ça masque leurs filles. Ah ! ils ne sont pas encore civilisés ! »

    Peu à peu, elle nous révèle son idéal de civilisation. Un mari à 1 200 francs par mois, un appartement de deux pièces, cuisine et dépendances, le cinéma le dimanche et un intérieur Galeries Barbès pour la semaine."

    Albert Camus, Carnets I - Mai 1935 – février 1942.

     

  • La citation du jour

     

    « La solitude me devint insupportable, j’appelai le chauffeur ; ensemble, nous bûmes plusieurs verres du meilleur cognac français du Magicien. Jamais encore une chose pareille ne s’était produite ; mais Hans, tout comme moi, trouvait que cela n’avait plus d’importance. Nous trinquâmes et ses yeux se mouillèrent ; le tremblement de sa main se fit de nouveau imperceptible. D’une voix énergique, quoique chevrotante, il me souhaita bon voyage et « un avenir heureux à l’étranger ». Nous nous serrâmes la main à plusieurs reprises, d’abord à la maison, puis sur la place de la gare et enfin par la fenêtre de mon wagon-lit. Je ne me sentais plus aussi triste puisqu’il y avait là une voix qui me parlait et une main que je pouvais serrer.

    Le dernier être humain que je vis, dans ma patrie, le dernier qui me consola, était une canaille au cœur tendre, un traître deux fois traître, aux yeux bleus.

    Je quittai l’Allemagne le 13 mars 1933. »

     

    Klaus Mann, Le Tournant, Solin 1984, Actes Sud 2008

     

     

     

  • La citation du jour

    « La surface de ce continent est zébrée de cicatrices laissées par le passage des hommes. De l’est à l’ouest, du nord au sud. Des premiers peuples migrateurs du Néolithique jusqu’aux hordes mongoles, des huguenots aux calvinistes, pèlerins, réfugiés, gitans, c’est une histoire faite de routes et de voies ferrées. Une histoire de frontières traversées et retraversées clandestinement, Romains, Wisigoths, Juifs, Roms, Bosniaques, aveugles, malades, vieux et infirmes, tous ces peuples qui en se sacrifiant on écrit l’histoire de l’Europe, ainsi que notre destinée collective au cours de leurs migrations ».

     

    Jamel Mahjoub, Là d’où je viens,Actes-Sud, 2004