« Tout en mangeant et en buvant le vin, les hommes parlèrent des coutumes de leurs voisins.
- Pas plus tard que ce matin, dit Obierika, je parlais avec Okonkwo d’Abame et d’Aninta, où les hommes titrés grimpent aux arbres et pilent le foufou pour leurs femmes.
- Toutes leurs coutumes sont à l’envers ! Ils ne fixent pas le prix des dots comme nous, avec des baguettes. Ils se chicanent et ils marchandent comme s’ils achetaient une chèvre ou une vache au marché.
- Ce n’est pas bien, déclara le frère aîné d’Obierika, mais ce qui est bien à un endroit est mauvais ailleurs. À Umunso, ils ne marchandent pas tout, même pas avec des baguettes. Le prétendant continue à apporter des sacs de cauris jusqu’à ce que les parents de sa promise lui disent d’arrêter. C’est une mauvaise coutume parce que ça finit toujours par des disputes.
- Le monde est vaste, dit Okonkwo. J’ai même entendu dire que dans certaines tribus, les enfants d’un homme appartiennent à son épouse et à sa famille.
- Pas possible ! s’exclama Machi. Et pourquoi pas une femme qui s’allongerait sur l’homme pour faire des enfants ! »
Chinua Achebe, Tout s’effondre, Actes Sud, 2013