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La citation du jour - Page 5

  • La citation du jour

    « C’est magnifique de pouvoir se défaire des chaînes de l’identité qui nous mènent à la ruine. Et moi qui suis-je ? Qui es-tu. Qui sont-ils ? Ce sont des questions inutiles et stupides. »

    Amara Lakhous, Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio, Actes Sud 2007

     

  • La citation du jour

    « Dans cette position d’intermédiaire, de passeur, il ne s’agit pas tellement des contenus qui sont transportés d’un côté de la frontière à l’autre comme des marchandises qu’on échange. La chose intéressante, c’est que le milieu compris comme ce qu’il y a « entre » est le milieu de la réflexivité, pas de l’identification. Et la réflexivité est quelque chose qui, au fond, n’a d’existence que dans son effectuation. Elle n’est pas séparable du geste de la réflexion. D’où la difficulté de faire de la réflexion un objet d’identification.  C’est très difficile parce que c’est éminemment mobile, constamment ouvert sur des sollicitations qui sont parfois incompatibles et qui coexistent néanmoins dans un geste symétrique de reconnaissance : puisqu’au niveau de la réflexion, on comprend la pertinence de ce qui s’exclut mutuellement, mais chaque fois dans son contexte propre. Et, en ce sens, si on fait œuvre de réflexion, c’est un milieu particulier qui se trouve au milieu ; on s’aperçoit alors que la réflexion entretient un rapport très particulier au temps. Comme c’est une forme de mobilité, elle se refuse à des formes de fixation, elle appartient à une sphère qui est celle de l’art théâtral ».

    Heinz Wismann, Penser entre les langues, Albin Michel, 2012

  • La citation du jour

    « J’ai passé une partie de mon enfance à vouloir être blanche comme les autres enfants et à me sentir aussi voyante en Écosse qu’un nez rouge au milieu de la figure d’un clown ; et voilà qu’ici, au Nigeria, je voudrais être noire et je me sens aussi voyante qu’un nez rouge au milieu de la figure d’un clown. C’est la première fois de ma vie que je comprends vraiment ce que ça signifie d’être métis. Ce n’est pas un terme qu’il m’arrive d’employer, et je me suis toujours sentie plus noire que blanche, mais voilà subitement qu’ici, au Nigeria, les gens me suivent dans le marché d’Ukpor et me touche en répétant Oyibo et Onye ocha* ! J’ai envie d’être acceptée, je m’en rends compte. J’ai envie que les autres Nigérians voient à mon visage que mon géniteur était igbo. Rien de tel à Lagos, qui est une grande ville. J’avais l’impression de me fondre dans la masse, là-bas. Les femmes des étals d’Ukpor sont ravies de ma présence, grosse femme d’âge mûr que je suis, simplement parce que j’ai la peau claire. Ça commence vraiment à me déplaire. J’ai envie d’aller m’asseoir des heures en plein soleil jusqu’à ce que ma connerie de peau brunisse enfin. »

    Jackie Kay, Poussière rouge, Métaillié, 2013

     

    * "individu blanc"

  • La citation du jour

    « Au fil des ans, j’ai vu aussi comment les femmes et les hommes de ces pays, à force de manque de libertés, de répression, de prohibition de l’amour, ont fini par renoncer au bonheur pour faire de la catastrophe une religion et de la religion une catastrophe. L’islam de la transe que j’ai connu enfant est devenu  aujourd’hui un simple propédeutique de la mort.

    Mais ce constat amer n’est pas une abdication. Au contraire, aujourd’hui, et plus que jamais, je me dis qu’écrire c’est pouvoir chatouiller à mort Dieu et les Livres pour rire enfin de la tristesse de ses terres et de ses hommes. »

    Mohamed Kacimi, L’Orient après l’amour, Actes Sud, 2008

  • La citation du jour

    « Quand elle était revenue avec les enfants, la maison était vide. Le soir, Ali n’était toujours pas rentré. Elle avait fini par les coucher. Quelle heure pouvait-il être ? À trois heures, elle avait regardé le réveil. Puis elle avait dû s’assoupir.

    Maintenant il était là, debout au milieu du grenier, chancelant. Il devait être ivre. Il disait qu’il savait que ses enfants ne parleraient jamais sa langue, il pourrait bien encore trimer comme une bête à l’usine, comme il avait trimé dans les mines avec son père, son père mort depuis longtemps, usé avant l’âge par l’exil et la misère…

    Puis il avait marché vers le lit des enfants. Thierry réveillé depuis qu’Ali avait poussé la porte, avait retenu sa respiration. Il avait soulevé Lil endormie. Il l’avait serrée contre lui.  « laisse-la donc dormir », avait dit la mère. Il n’y avait rien eu à faire, il s’était installé sur la chaise et était resté ainsi toute la nuit, la petite dans les bras.

    Au matin, Huguette s’était levée et avait ouvert la lucarne. Malgré le brouillard qui montait des eaux, on pouvait voir le pont de Bezons. Elle lui avait pris Lil des bras et l’avait recouchée. « Oui », avait-il encore dit, et la ligne injectée de ses yeux s’était posée sur le ventre d’Huguette puis s’en était détournée « oui – j’en suis sûr – plus tard, tes enfants ne traverseront même pas la mer. »

    Épuisé, il s’était laissé tomber sur le lit tout habillé. »

     

    Tassadit Imache, Une fille sans histoire, Calmann-Levy 1989

  • La citation du jour

    « Pour tisser du lien social, il ne faut pas se tourner vers le passé, mais vers l’avenir. »

    Jean-Loup Amselle, L’Anthropologue et le politique, Lignes 2012

     

  • La citation du jour

    « Il ne suffit pas d’être métis, si c’est pour en fin de compte l’oublier. L’important est la conscience que l’on a de ses appartenances, qui n’est pas automatique, mais doit être recherchée et cultivée. »  (Edgar Morin)

    Edgar Morin, Patrick Singaïny, La France une et multiculturelle. Lettres aux citoyens de France, Fayard 2012

     

  • La citation du jour

    « (…) La vie m’a appris, l’exil en fait, que ma quête ne pourrait aboutir que si elle s’orientait vers ce qui est devant moi, et non plus derrière. C’est seulement en allant devant soi que l’on maitrise ce que l’on a derrière soi, que le passé, de vestige mortifère, devient soubassement d’avenir.

    C’est grâce à cela que j’ai compris à un moment donné que le non-lieu n’est pas l’exil, mais le mouvement né de l’exil. »

    (Elias Sanbar)

     

    Farouk Mardam Bey, Edwy Plenel, Elias Sanbar, Notre France, Sindbad 2011

     

  • La citation du jour

    « La France possède une richesse inestimable, qui est sa diversité justement et qui, si celle-ci est rassemblée dans une ambition commune, peut-être la source de l’invention politique

    qui nous manque. »  (Edwy Plenel)

     

    Farouk Mardam Bey, Edwy Plenel, Elias Sanbar, Notre France, Sindbad 2011

     

  • La citation du jour

    Dans les bras de la lumière
    Et la beauté du monde

    En dépit du plomb durci
    A la barbes des sanguinaires

    Ces flocons de neige
    Pour apaiser la terre

     

    Du feu qui lui brûle les lèvres
    Pourquoi aimez-vous tant les cendres

     

    Quand la braise nourrit mon coeur
    Tendre dans les cours des rivières

    Pourquoi détruisez-vous mon limon
    Réduit en poussière

    Le soleil vous fait-il peur
    De voir votre propre ombre

     

    Tahar Bekri, Salam Gaza,  Elyzad, 2010