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La citation du jour - Page 2

  • La citation du jour

    « Une fillette surgit : elle a deux ans et demi, peut-être trois. L’enfance serait-elle tunnel de songes, étincelant, là-bas, sur une scène de théâtre où tout se rejoue, mais pour toi seule à l’œil exorbité ? Ton enfance se prolonge pour quelle confidente d’un jour, pour quelle cousine de passage qui aurait vu éclater tes larmes en pleine rue, autrefois, ou des sanglots qui te déchirent encore ? »

    Assia Djebar, Nulle part dans la maison de mon père, Albin Michel 2007

  • La citation du jour

    « Il n’y a plus d’industrie à Paris. Mais il y a des services, des boulangers qui mitonnent, des ouvriers qui bâtissent et rénovent, des balayeurs qui nettoient, des vendeurs qui conseillent, des manutentionnaires et des livreurs qui placent, des serveurs qui prennent la commande, des caissières qui encaissent, des conducteurs de métro, de bus, de tramways, de RER, des intérimaires qui font la queue, des nounous qui jouent et qui grondent. Il y a des petites mains qui s’affairent sur les têtes et sur les mains. Moins de bruit, moins de syndicats, mais elles sont là. » 

    Sylvain Pattieu, Beauté Parade, Plein jour 2015.

     

  • La citation du jour

    « Raymond : Avec la CGT, on soutient, on est là. Depuis 2008 il y en a des grèves de sans-papiers. Ce sont des grèves basées sur le travail, sur le salariat. Ça fait ressortir que c’est un système. C’est pas « ces pauvres bougres qui arrivent en France ». Il y a un marché du travail qui n’est pas seulement hexagonal, c’est le fonctionnement du capitalisme aujourd’hui. On a décidé d’arrêter avec la dimension humanitaire du truc, ça veut pas dire qu’on la garde pas dans un coin de la tête, bien sûr, c’est aussi pour ça qu’on fait ça. Mais c’est pas le plus efficace, c’est pas ce qui met en lumière les contradictions du système. »

    Sylvain Pattieu, Beauté Parade, Plein jour 2015.

  • La citation du jour

    « Longtemps, j’ai entendu les amis et professeurs vanter la richesse et l’originalité de ma nature. Mais, suis-je riche ? Diverse ? Sûrement non. Je ne regarde toujours qu’en moi-même. Quand le monde et toute la création tournent, je perçois presque rien des remous extérieurs ni des gloires. Je vis réellement dans un univers très restreint et secret. Jamais il ne m’arrive d’ouvrir un journal du jour ou un hebdomadaire récent. Je ne m’intéresse pas, non plus, aux grandes découvertes scientifiques ni aux exploits d’aucune sorte ? Si bien que je ne vois rien d’autre à faire qu’à essayer d’exprimer la manière de sentir et de vivre d’une femme comme moi qui, tout en aimant la vérité, lui préfère l’illusion. »

    Taos Amrouche, Carnets intimes, Joëlle Losfeld 2014

  • La citation du jour

    « Au XXIe siècle, on communiquait plus vite, on circulait plus vite et on se rendait d’un pays à un autre comme on traverse la rue. Dans le même temps, de nouvelles frontières ne cessaient de s’élever. Des enclaves se multipliaient à l’intérieur de certaines métropoles, tandis que des bidonvilles s’étendaient aux portes des autres. On ne comptait plus les lieux de « sédentarité forcée » et les revendications territoriales surgies d’un passé oublié, les refoulements des immigrés aux frontières et leurs reconductions manu militari dans leur pays après un séjour en cap de rétention. La terre avait pris les dimensions d’un village, mais uniquement pour ceux qui étaient en règle – ceux qui avaient les moyens. »

    Minh Tran Huy, Voyageur malgré lui, Flammarion 2014

  • La citation du jour

    « L’amour n’aurait pas résisté, il n’est pas aussi fort qu’on le dit, le mensonge, la trahison, la colère l’écrasent d’un seul coup de talon. »

    Boualem Sansal, Darwin, Gallimard, 2011

  • La citation du jour

    « Je découvrais que les grands criminels ne se contentent pas de tuer (…). Ils aiment aussi se donner des raisons pressantes de tuer : elles font de leurs victimes des coupables qui méritent leur châtiment. »

    Boualem Sansal, Darwin, Gallimard, 2011

  • La citation du jour

    « Je ne suis pas un reptile ni une bête de somme, mais un homme, un être humain, comme les sept milliards d’autres qui peuplent la terre ! Et je dois la mériter, mon humanité ! Mériter mon authenticité d’être humain ! »

    Ousmane Diarra, La route des clameurs, Gallimard, Continents noirs, 2014

  • La citation du jour

    « Même les babouins aux fesses enflammées par je ne sais quoi ricanaient à notre passage, comme si eux qui ne portaient ni chemise ni pantalon, ils étaient plus évolués, plus civilisés que nous les hommes. « Bien fait pour vos vilaines gueules d’humanoïdes attardés ! » semblaient-ils dire en nous regardant nous faufiler entre les arbres.

    Mais à chaque fois que je me fâchais et brandissais mon sabre étincelant et mon kalach pour bousiller tous ces misérables, il me disait, mon papa, de rengainer mes armes tout de suite, et me répétait que c’est dans les sociétés arriérées que la moquerie et les méchancetés sont les plus développées, de mêmes que la peur et les superstitions. Et il me citait l’exemple vivant de Maabala où, disait-il, ce grand bandit de Mabu Maba (il ne disait jamais le grand Calife ni la longue liste d’épithètes qui suivait), où donc ce grand bandit de Mabu Maba avait réussi à prendre le pouvoir pour terroriser la population avec des fables tirées du VIIe siècle d’outre-désert !

    C’est vrai que mon papa était d’accord avec peu de gens, surtout depuis l’invasion du pays par le Calife Mabu Maba dit Fieffé Ranson Kattar Ibn Ahmad Almorbidonne et sa horde de barbares Morbidonnes ramassés dans les caniveaux, aux quatre coins du monde ! Et c’était pourquoi beaucoup de gens voulaient sa peau. »

     

    Ousmane Diarra, La route des clameurs, Gallimard, Continents noirs, 2014

  • La citation du jour

    « Tarik a vingt-cinq ans, cela fait cinquante ans que Tarik a vingt-cinq ans, peut-être des siècles et des silences. Tarik a vingt-cinq ans, il a connu la dislocation des corps. La combustion des chairs. La fracture des os. Mais à la mort Tarik a toujours opposé le rire. Car c’est bien la seule protection, le seul chemin contre et vers l’inévitable désastre. Tarik a raison, rien n’est plus drôle que ce monde bien délimité, bien découpé, bien organisé et pourtant sans dessus dessous.»

    Yannick Torlini, Nous avons marché, Al Dante 2014