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La citation du jour - Page 7

  • La citation du jour

    « Accepter la diversité culturelle ne veut point dire que nous avons affaire à des cultures « autonomes », en dehors de l’interconnectivité qui nous relie tous dans une civilisation mondialisée. Cela veut dire que les cultures sont des continents de sensibilité particulière, des climats d’être qui, pour vivre et s’épanouir, se nourrissent du dialogue de l’homme avec lui-même, avec son âme et son passé immémorial ; que ce dialogue puise sa matière et ses arguments dans l’humus fécond de la zone d’hybridation où toutes les identités se croisent pour créer des configurations nouvelles : des identités multiples, frontalières et des métissages inouïs ; et qu’enfin cet état de chose annonce un phénomène nouveau : le bricolage, l’art combinatoire des relations multiples à tous les niveaux et le jeu des miroirs croisés. »

    Daryush Shayegan, 
La conscience métisse
, Albin Michel, 2012

     

  • La citation du jour

    « J’aimais les femmes, toutes les femmes et je n’avais rien contre les sandwiches au halouf, surtout avec des rondelles de tomates bien juteuses et des cornichons croustillants. Ma place dans l’au-delà était en principe en enfer, mais avec Dieu on ne savait jamais.  (…) Je savais qu’il y a des moments où le Tout-puissant se défait de son caractère de justicier intransigeant pour devenir l’incarnation de la clémence et de la miséricorde. La mort n’existait pas pour moi, les récompenses et les châtiments divins, non plus. J’avais tout le temps d’y penser. »

    Fawaz Hussain, La Prophétie d’Abouna, Ginkgo éditeur, 2013

  • La citation du jour

    « Mais qu'est-ce qu'il nous veut à la fin, ton bon Dieu ? Cela fait des siècles maintenant qu'il s'acharne sur la famille. Pour une malheureuse pomme, il expulse du Paradis les pauvres Adam et Eve, comme des sans-papiers. Il nous déverse sur la tête des bassines d'eau pour nous noyer comme des chiens, heureusement que grand-père Noé a joué au pompier durant quarante jours et quarante nuits. Ensuite, il fout la zizanie dans la langue parce que Monsieur ne supporte pas la vue d'un HLM à Babel. Après, il nous déloge de Mésopotamie pour nous donner en échange une volée de pierres. Il rase sous nos yeux deux villes pour un orgasme qu'il juge mal placé. Il met quarante ans avant de me donner un enfant et maintenant qu'il et là, il veut en faire un barbecue. Si jamais il touche à un seul cheveu de mon petit, je te le jure, sur la tête de ta mère Emtelaï la fille de Karnabo, je lui arrache les yeux. Je le traînerai dans la boue, je l'écorcherai et je ferai de sa peau un tambour. Je me mettrai nue et je danserai sur son ventre durant mille ans, ou même quatre mille s'il le faut, jusqu'au grand matin où l'un de mes petits-enfants viendra me dire : "C'est bon, Sarah, tu peux arrêter. Il est mort. On respire mieux de Médine à Jérusalem. »

    Mohamed Kacimi, La Confession d’Abraham, Gallimard, 2000

     

  • La citation du jour

    « L’histoire n’est pas l’histoire quand les criminels fabriquent son encre et se passent la plume. Elle est la chronique de leurs alibis. Et ceux qui la lisent sans se brûler le cœur sont de faux témoins. »

    Boualem Sansal, Le Serment des barbares, Gallimard 1999

  • La citation du jour

    « Je n’envie pas les auteurs qui n’ont jamais usé que d’une langue et fréquenté une seule culture. »

    Vassilis Alexakis, Paris-Athènes, Seuil 1989

     

  • La citation du jour

    « Les identités fixes deviennent préjudiciables à la sensibilité de l'homme contemporain engagé dans un monde-chaos et vivant dans des sociétés créolisées. L'Identité-relation, ou l'"identité-rhizome" comme l'appelait Gilles Deleuze, semble plus adaptée à la situation. C'est difficile à admettre, cela nous remplit de craintes de remettre en cause l'unité de notre identité, le noyau dur et sans faille de notre personne, une identité refermée sur elle-même, craignant l'étrangeté, associée à une langue, une nation, une religion, parfois une ethnie, une race, une tribu, un clan, une entité bien définie à laquelle on s'identifie. Mais nous devons changer notre point de vue sur les identités, comme sur notre relation à l'autre. »

    Edouard Glissant, Le Monde 3 février 2011

  • La citation du jour

     « Tout jugement définitif sur la vie des gens est figé comme un axiome. Or la vie est à l’opposé de l’immobilité. Il faut donc, pour rester dans le vrai, présenter des cas particuliers, des faits précis. Mais le même cas change souvent d’aspect et les faits se succèdent  sans jamais se ressembler. »

    Mouloud Feraoun, La Terre et le sang, Seuil 1953

  • La citation du jour

    « Comment leur expliquer, et pourquoi ? Je reviens de Paris, moi, Amirouche. J’y retournerai sans doute. À moins que… Là-bas, on ne nous parque pas, nous sommes admis partout, c’est sûr. Mais partout nous sommes des Norafs. Là-bas il y a les riches et les pauvres, il y a les bandits et les clochards, mais nous ne rentrons dans aucune catégorie. Là-bas nous sommes des Norafs. Pourquoi s’en formaliser, mon Dieu, du moment que nous sommes effectivement des Norafs ? Ceux qui nous regardent de travers sont nombreux. Nous les reconnaissons, bien sûr, et pour les exciter, nous faisons les idiots.

    Ceux qui voudraient nous aimer perdent leur temps, car l’entreprise est au-dessus de leur intelligence bornée. À eux, il faudrait dire :

    « Vous voulez nous aimer ? Une petite question, Messieurs : pourquoi nous spécialement ? Vous vous intéressez aux clochards, aux voyous, dites-le donc, nous en sommes. Mais ne dites pas que vous vous intéressez aux Norafs. Les Norafs, Messieurs, n’ont rien de particulier, ce n’est pas un mal étrange, inhumain qui frappe subitement votre ville ; il y a des Norafs comme il y a des Italiens, des Bourguignons ou des Suisses. » Et j’ai bien compris que dans l’esprit de ces braves gens, le Norafs est au-dessous de tout. Braves gens, votre âme saigne en nous voyant mais nous n’avons que faire de votre pitié hypocrite. Elle part d’un préjugé écœurant et fait plus de mal que la trique.

    Là-bas, mes copains d’Ighil-Nezman ou d’ailleurs étaient fiers de moi qui jouait le jeu sans tricher. Noraf intégral, mais nous avons tout balancé – ramadhan, alcool, jambon.

    Nous nous étions libérés de tout, sauf du mépris des Français. Or, ce mépris glissait sur nos cœurs comme les averses sur nos imperméables. »

     

    Mouloud Feraoun, Les Chemins qui montent,  Seuil 1957

     

  • La citation du jour

    « A la saison pluvieuse

    l’enfant tient une corbeille entre ses mains

    la branche de l’arbre est horizontale mais elle n’a pas de fruit

    - ce n’est pas grave, dit-il, on n’abat pas l’arbre qui n’a pas de fruit. »

    Gabriel Mwène Okoundji, Chants de la graine semée, Fédérop 2014

  • La citation du jour

    « Le chemin ne cesse pas

    le chemin cesse où s’arrête le pas »

    Gabriel Mwène Okoundji, Chants de la graine semée, Fédérop 2014