"Comme pour d'autres aspects de sa culture, la religion traditionnelle africaine est de plus en plus reconnue pour son apport au monde. Elle n'est plus considérée comme une superstition dédaignable à laquelle il faut substituer des formes de croyances supérieures, aujourd'hui on reconnait qu'elle enrichit le patrimoine spirituel de l'humanité. L'esprit d'ubuntu - ce sentiment profondément africain d'appartenance à l'humanité grâce à l'humanité des autres - n'est pas un phénomène paroissial, il s'est complètement agrégé à notre quête commune d'un monde meilleur."
Nelson Mandela
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La citation du jour
« (…) Parmi les tout premiers résistants, parmi ceux qui ont sauvé l’honneur du pays asservi au milieu de la lâcheté générale, il n’y avait pas que des gaullistes, mais aussi ces groupes composés de Juifs de Pologne ou d’Europe centrale, d’antifascistes italiens, de républicains espagnols, d’Arméniens réfugiés, rescapés du génocide (comme le fut Manouchian, le héros sacrifié de l’Affiche rouge). Des immigrés. Et que ceux-là, au fond, étaient la France, alors même que la plupart des Français de souche se soumettaient à l’occupant.
J’ai su cela, très tôt. Et c’est sans doute de cela que je tiens cette méfiance radicale envers ceux dont la conception du monde se ramène au culte des racines. « La terre de ment pas », en ces années-là, c’était un slogan de Vichy. La liberté, elle, n’avait pas de patrie. »
Guy Scarpetta, Guido, Gallimard, 2014
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La Diversité contre l’égalité
Walter Benn Michaels
La Diversité contre l’égalité
Nicolas Sarkozy, dans son discours sur la réforme du lycée, le 13 octobre 2009, rappelait que la création du lycée signifiait « la fin des privilèges de la naissance ». « Désormais, poursuivait-il, ce qui compte en France pour réussir, ce n’est plus d’être “bien né” : pour réussir, il faut travailler dur, et avoir fait la preuve, par ses études, par son travail, de sa valeur ». Voilà ce que Walter Benn Michaels appellerait sans doute une parfaite illustration de la « méritocratie » : on ne devient pas riche par héritage - richesse et patrimoine - mais grâce à son travail et à ses efforts. L’auteur, professeur à l’université de l’Illinois à Chigago, dit exactement le contraire : « ce n’est pas parce que qu’ils ont fréquenté une grande université qu’ils ont réussi [les étudiants des dites universités], mais parce que leur famille est assez riche pour leur offrir le genre d’environnement et de préparation qui permet d’être admis dans une grande université ». Point ! Voilà qui est affirmé sans circonvolutions ni prêchi-prêcha.
Pour Walter Benn Michaels cette « illusion » de la méritocratie est le pendant de la discrimination positive qui, in fine, justifierait et légitimerait les richesses des riches. Ce que dit ici l’auteur, c’est qu’un Yazid Sabeg par exemple, sous couvert de diversité et de discrimination positive, ne cherche pas à remettre en question un ordre social et économique inégalitaire mais à faire advenir un nouvel âge au capitalisme vieillissant, un « capitalisme black-blanc-beur ». Et s’ « il faut aider les élites à changer », comme le proposait Carla Bruni-Sarkosy, ce n’est pas, précise l’auteur, pour « remettre si peu que ce soit en cause leur statut d’élites, mais pour les rendre plus noires, plus multiculturelles, plus féminines – le rêve américain. »
Car ce petit livre est tout entier consacré à fustiger une idée à la mode, d’autant mieux partagée qu’elle est d’une simplicité biblique : l’injonction du respect de la diversité, le respect des différences et sa conséquence sociale et politique, le saupoudrage ad libitum des cultures, des ethnies, des croyances, des genre et des sexes.
Voilà qui, pour rester dans l’esprit de ce livre frondeur, rappelle le « diviser pour régner ». Car pendant que l’on s’échine et se déchire à défendre son bout de gras différentialiste et mémoriel, on en oublie l’essentiel : « l’idée, elle vraiment radicale, d’une redistribution des richesses devient quasi impensable. » C’est là la thèse unique, martelée et servie sur plusieurs mode de ce livre roboratif : la danse du ventre de la diversité ne sert à rien d’autre qu’à empêcher de remettre en question, de « réduire », de « combler », l’inégalité suprême, celle qui depuis toujours divise nos semblables en humanité : l’inégalité entre les riches et les pauvres ! Et s’il fallait un autre argument contre les statistiques ethniques, on le trouvera également dans ce livre : en « ethnicisant » ou « racialisant » les statistiques on se rassure ! On laisse croire que les discriminations seraient les principales causes de la pauvreté au lieu d’accuser les disparités économiques dans l’accès à la santé, aux formations, aux modes de consommation, aux loisirs…
Ce livre n’est pas une adresse aux élites ou à la droite en général – qui préfèreraient la « guerres des cultures » à la lutte de classes – que l’ébauche d’un programme pour une gauche rénovée. « Le problème ce n’est pas le racisme » mais le « néolibéralisme ». « La diversité n’est pas un moyen d’instaurer l’égalité ; c’est une méthode de gestion de l’inégalité ». Et pour être tout à fait clair : « Si nous aimons la diversité, si nous aimons les programmes de discrimination positive, c’est parce qu’ils nous présentent le racisme comme l’unique problème que nous ayons à résoudre. Or le résoudre ne nous demande rien d’autre que de renoncer à nos préjugés. Résoudre le problème de l’inégalité économique demanderait sans doute un peu plus : peut-être de renoncer à notre argent. »
Edition Raisons d’agir, 2009, 157 pages, 7€
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La citation du jour
« La diversité n’est pas un moyen d’instaurer l’égalité ; c’est une méthode de gestion de l’inégalité. (...) Si nous aimons la diversité, si nous aimons les programmes de discrimination positive, c’est parce qu’ils nous présentent le racisme comme l’unique problème que nous ayons à résoudre. Or le résoudre ne nous demande rien d’autre que de renoncer à nos préjugés. Résoudre le problème de l’inégalité économique demanderait sans doute un peu plus : peut-être de renoncer à notre argent. »
Walter Benn Michaels, La Diversité contre l’égalité, Raisons d’agir, 2009 -
La citation du jour
« (…) Au lieu de s’interroger sur ces coups de canif saignants portés aux flancs du pacte républicain, ceux qui détiennent l’autorité de la parole publique accusent, dénoncent, stigmatisent, menacent. Ils utilisent ad nauseam ce « langage buveur de sang ». Aveugles à tout ce qui survient hors du cercle mondain qui protège leur hyperactivité, ignorants de tout code social extérieur à leurs modèles et signes, ils se laissent happer par la panique et croient préserver leur monde artificiel en jetant des anathèmes à la ronde. Paralysée, leur intelligence ne leur révèle plus rien de la filiation de ces révoltes au regard des luttes sociales et politiques françaises, celles qui, sur le temps long, furent impulsées par les exclus, les méprisés et brutalisés, toutes celles et tous ceux-là qui, las de patienter, décident une nuit sans lune de frapper à la porte de la République en faisant grand bruit dans l’espoir d’être entendus. Les geôliers de la République peuvent-ils entendre ? Il leur faudrait remettre en cause trop de confort. Il y a plus grande tranquillité à ethniciser »
Christiane Taubira, Paroles de liberté, Flammarion 2014
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La citation du jour
« Quand, au lieu de se retrouver autour de ce qu’ils ont en commun (l’entreprise et l’habitat, les questions sociales, les conditions de vie, le pouvoir d’achat, etc.) les dominés se font la guerre au nom de leurs identités, croyances et origines, les dominants ont la paix »
Edwy Plenel, Dire non, Don Quichotte 2014