Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Identité 2

    Identité 2

    Continuons notre tour d'horizon littéraire sur ce thème cher à nos élus et futurs candidats aux prochaines régionales!

    « Nous sommes issus de tant de brassages, de métissages, certes dans la violence et l’invasion, mais ils sont réels et constituent un rempart contre l’hégémonisme, contre le fanatisme, et un chemin à creuser pour peu qu’on cultive cette diversité pour asseoir un autre type, un nouveau type de légitimité de l’État. Si l’on n’infléchit pas la tendance de l’Unique, nous courons à la catastrophe (…) » Mourad Djebel


    Yasin appartient à "la tribu des sans-domicile, des sans-Etat, des sans-attaches. J'ai deux passeports et un tas d'autres pièces d'identité qui indiquent où j'ai vécu, mais pas qui je suis…". Comme le personnage de Jack Crabb de Little Big Man, sa vie "est perturbée par tous ces gens qui, des deux côtés veulent consolider une frontière qu'il doit sans cesse traverser dans un sens, puis dans l'autre, pour survivre" Jamal Mahjoub


    Les arguments que nous avançons pour nous ghettoïser sont les mêmes que d’autres utilisent pour nous exclure et garder le gâteaux pour eux. » « C’est l’isolement qui crée la prison, bien sûr, et comme pour n’importe quelle prison, il y a réclusion de part et d’autre des barreaux. » Eddy L.Harris

     

    "Vos tentatives d’identifications laconiques – à entêtes réglementaires – policières
    mes empreintes génitales
    genèse de vos geignement passés et à venir
    s’y refusent
    qu’ils me classent
    sans ma participation me répartissent
    dans toutes les cases pré ou post mortem"

    Mourad Djebel

     

    « Tous, nous sommes faits de nombreuses parties, d’autres moitiés. Il n’y a pas que moi » Jeffrey Eugenides


    « T’es pas américaine, a dit l’un des hommes. C’est un imbécile raciste, me dis-je à moi-même. Vraiment ? glapit ma petite voix.  Et combien d’autres auraient été d’accord avec lui dans ce pays aujourd’hui ? Mais si je ne suis pas américaine, que suis-je alors ? » Chitra Banerjee Divakaruni

    « Je pense aux gens dans les tours et dans les avions (…). Et aux gens comme nous, qui se voient avec les yeux d’étrangers, qui ont perdu leur identité. » Chitra Banerjee Divakaruni


    « Des gens qu’elle n’a jamais vu lui disent à quel point ils sont navrés qu’elle ait dû traverser une si terrible expérience. Ils veulent lui serrer la main. Ils disent qu’elle est la bienvenue chez eux. Elle voudrait bien se sentir reconnaissante mais elle leur en veut. Ils lui donnent l’impression d’être une invitée.
    « je suis née ici, a-t-elle envie de leur dire. Comment pouvez-vous me souhaiter la bienvenue ?
    »

    Chitra Banerjee Divakaruni


    «  Je ne serais jamais un Français tout à fait comme les autres. Du reste, la femme que j’ai épousée à la veille de mon voyage en Bulgarie était, comme moi, une étrangère en France. Mon état actuel ne correspond donc pas à la déculturation, ni même à l’acculturation, mais plutôt à ce qu’on pourrait appeler la transculturation, l’acquisition d’un nouveau code sans que l’ancien soit perdu pour autant. Je vis désormais dans un espace singulier, à la fois dehors et dedans : étranger “ chez moi ” (à Sofia), chez moi “ à l’étranger ” (à Paris). » Tzvetan Todorov

    « Toute ma vie je trainerais avec moi cette confusion, cette double date de naissance, comme un être à deux têtes, à quoi s’ajoute une double identité... ». Ook Chung

    « je suis un Africain de la Caraïbe, de la Guadeloupe et je suis né en France. J’ai vécu mon enfance dans un petit village de la Haute Provence et j’assume toutes ces identités, qui ont fait de moi tout ce que je suis aujourd’hui.  Mais le socle de ma personne c’est l’Afrique. » Claudy Siar, fondateur de Tropique FM.


    « je suis profondément martiniquaise mais j’aime beaucoup dire que je suis de partout. Mes réflexions me ramènent souvent sur mon île natale. Mon identité n’est pas fermée. En m’installant en France métropolitaine, je me suis construite de plusieurs identités." Viviane Vincent enseignante

  • Identité 1

    Identité 1

    70555.jpgPuisqu’il faut plancher sur l’identité nationale voici du grain à moudre pour les candidats à rendre une bonne copie mais aussi pour un Besson et un Sarkozy qui nous ont refait le coup de la Marseillaise et de la terre. Le malheur, mais cela n’est pas une nouveauté (il faut lire ou relire Noiriel pour s’en convaincre), c’est que l’identité nationale est ici mobilisée comme la carotte et le bâton, agitée pour appâter et mieux battre le bougre d’immigré qui ne demande rien d’autre qu’on lui foute la paix et qu’on lui laisse le temps - une, deux ou trois générations - de devenir un Français pure sucre ! Quant aux autres – la majorité – une fois leur petite affaire faite (ou pas), ils repartent chez eux ou ailleurs, emportant souvent, à la semelle de leur soulier comme le chantait Enrico, un peu de la France et de sa culture. Voilà qui fait bien mieux pour le prestige de l’identité nationale que tous les discours démagogiques, le renvoi de trois Afghans et autres manipulations électorales.
    Mais enfin peut-être ne faut-il pas désespérer - de la part de ce ministre notamment ! capable de déserter les siens en pleine bataille pour aller renforcer le camps adverse - : le caractère fluctuant, insaisissable, dynamique, changeant même de l’identité finira-t-il si ce n’est pas s’imposer à tout le moins à ne pas être oublié ?
    Mais enfin peut-être qu’il ne faut pas non plus désespérer de ce président , car enfin  la « diversité », selon le vocable en vogue, loge  à l’Élysée. Une présence à hauteur non pas de 10 %, comme le préconisait le rapport de la commission Jacques Attali pour la prochaine Assemblée nationale, mais de plus de 87 %. Carla Bruni est une italienne pur sucre et Nicolas Sarkozy qui ne voit pour la France et l’Europe que des racines chrétiennes, porte, lui, des « racines » mêlées et mobiles à 50 % hongroise, à 25 % juive, - de cette Salonique chère à Albert Cohen -  et à 25 % française, par sa grand-mère. Certes Sarko n'est pas Obama... mais enfin, rêvons  que le caractère pluriel des identités contemporaines finira  par prendre le pas sur les « identité meurtrières », exclusive, ces identités qui enferment plutôt qu’elles ne relient, qui montrent le poing plutôt qu’elles ne tendent la main...

    Pour nous aider à appréhender ce qui est tout de même une notion difficile, complexe et pour certains troublantes, voici un florilège de citations, distillé sur une petite semaine, histoire de nous aider à penser ou simplement à faire face aux monceaux d’idioties qui ne manqueront pas de nous accabler… et si quelques une de ces citations ont été écrites par quelques universitaires, journalistes ou sociologues, la majorité d’entre elles est l’œuvre de poètes car comme le disait Michel Le Bris « ce qu’elle dit aujourd’hui, cette littérature du monde, me paraît toujours beaucoup plus fort que ce que peuvent en dire les essayistes, les économistes, les politiciens… Ce sont les artistes qui donnent à voir le monde nouveau. (…) Le roman est la forme qui rend le mieux compte de la réalité du monde d’aujourd’hui, qui est une réalité d’identités, à la fois brisées, recomposée, multiples. Jamais dans l’histoire de l’humanité, l’humanité n’a connu des migrations aussi fortes. Il y a des télescopages invraisemblables de cultures, c’est comme dans un grand cratère où tout se trouverait mêlé, des identités se détruisent d’autres se recomposent… et le roman est capable de rendre compte de ça. Chaque personne, se retrouvant en fait à vivre en même temps des identités différentes, superposées, fragmentaires, doit inventer le récit qui va articuler tout ça en une forme cohérente qui sera sa manière d’habiter le monde là où il est ».

    ________________

     


    « Une appartenance ethnique - voire un patronyme - n’est qu’une étiquette du langage, il me semble. Ce n’est pas une identité. L’identité est ce qui demeure primordial le long d’une existence, jusqu’au dernier souffle : la moelle des os, l’appétit flamboyant des organes, la source qui bat dans la poitrine et irrigue la personne humaine en une multitude de ruisseaux rouges, le désir qui naît en premier et meurt en dernier. » Driss Chraïbi

     

     

    peux-tu défigurer l’ennemi de classe
    sans emprunter ses traces ?
    peux-tu te retourner / contre tes propres mirages ?
    tout le monde chérit l’identité
    tout le monde cherche l’origine
    et moi j’enseigne le savoir orphelin
    erre donc sur les chemins
    sans te confondre avec l’herbe
    Abdelkébir Khatibi


     

    « C’est magnifique de pouvoir se défaire des chaînes de l’identité qui nous mènent à la ruine. Et moi qui suis-je ? Qui es-tu. Qui sont-ils ? Ce sont des questions inutiles et stupides » Amara Lakhous

     

    Être

    « un homme tout court »

    Eddy L.Harris

     

     

     

    « Fuis, chasse la honte de ton corps, arrache la culpabilité de ta tête, griffe les remords, échappe-toi, pense à toi, protège l’amour qui te contient, que tu contiens, garde-le pour tes pas sur terre, donne-le aux visages dont tu ignores tout, préserve tes caresses pour la peau qui te rend la félicité » Hafid Aggoune

    « Il n’y avait pas de fin à cette identité, ou alors celle-ci était à trouver dans le chaos et son propre inachèvement » Ook Chung

    « Il n’est pas possible de vivre en dehors de la patrie, et la patrie, ce n’est pas seulement un coin de terre ; c’est aussi un ensemble de coeurs humains qui recherchent et ressentent la même chose. Voilà la patrie, où l’on se sent vraiment chez soi. » Van Gogh


    "Impossible de raisonner en termes de Noir, d'Arabe ou de Juif là où [il n'y a] que des hommes".
    Abd al Malik

     

     

     

    « Se décoloniser de quoi ? De l’identité et de la différence folle.

    Je parle à tous les hommes. »

    Abdelkebir Khatibi


    « Tout être est mon être »

    Emir Abd El Kader


     

     

    Conseil paternel : « Essaie de te créer ton petit monde et ne laisse jamais personne te dire qui tu es ou comment tu devrais être ; même pas moi. C’est toi seul qui décides. » Eddy L.Harris

    « Je ne suis prisonnier ni de Harlem ni de la couleur de ma peau » Eddy L.Harris

    « J’ai grandi dans la certitude de pouvoir faire tout ce que je souhaitais et être qui je voulais. Je pensais avoir droit à tout, pouvoir être noir et en même temps être davantage que simplement noir. J’ai toujours voulu être davantage. Je n’ai jamais accepté de contrainte. »
    Eddy L.Harris

    La suite demain...

     

    Illustration : Gottfried  Lindauer (1839-1926)
    Tomika Te Mutu, chef de la tribu  des Ngaiterangi, Nouvelle Zélande (vers 1880)


  • D'eaux douces

    Fabienne Kanor
    D'eaux douces



    kanor.jpgFabienne Kanor est originaire de Martinique et signait là son premier roman. Un texte fort, livré dans une écriture déjà personnelle, abrupte et sans concession. Elle y prend le risque d'aborder un sujet difficile et ambitieux : comment dans la relation sexuelle et/ou amoureuse, éviter les pièges de la mémoire. Mémoire d'une société, les Antilles ; mémoire d'une histoire, l'esclavage et la domination des Blancs ; mémoire familiale, marquée ici par l'adultère et la transgression des codes ? Sans jamais faiblir, F. Kanor déroule son sujet en un récit déstructuré, porté par plusieurs voix, mêlant le passé et le présent, les lointaines Antilles et la métropole, l'espace de la famille et celui de la cité universitaire. Frida est étudiante et, après bien des rencontres, tombe amoureuse d'Eric que Frida dit aimer comme "au premier jour", d'"un désir d'avant les cales", "d'avant les chiens". Sera-t-il "ce nègre" qu'elle attend "depuis trop longtemps" ? Eric l'aidera-t-il à chasser ses représentations intimes et ses traumatismes qui en font une femme aliénée par l'Histoire et un être fragilisé par la décomposition familiale et le poids d'un lointain secret reçu, à son insu, en héritage ? Sujet délicat et traité par Fabienne Kanor avec courage, elle qui n'hésite pas à "tremper sa plume dans la plaie" douloureuse d'une sexualité toujours taboue. Sexualité entre Noirs, sexualité entre Noirs et Blancs. Dans sa quête libératrice, Frida dénonce "l'errance cannibale des hommes du pays de ma mère", "ces hommes de sperme et de paille" dont, depuis l'enfance, elle a appris à se méfier : "Etre élevé dans la peur de l'homme noir génère des troubles de comportement provoquant chez la négrillonne devenue femme des réflexes d'autodéfense, une attitude de violence ainsi qu'une méfiance absolue à l'égard de tout sujet répondant de près ou de loin à la définition du nègre". "La tentation de la chair blanche" chez l'homme noir n'est pas non plus innocente ou vierge de mémoire. Ces femmes à la peau laiteuse, celle avec qui le père de Frida a trompé sa mère ou celle avec qui Eric partage son lit, sont des "ombres" qui pénètrent "comme esprits de nuit dans les crânes. Possession. Obsession. Colonisation". À l'inverse l'interrogation qui taraude les "gamines" ("c'est comment faire l'amour avec un Blanc ? Est-ce différent ? Est-ce si différent ? ") est aussi engluée dans la fange de l'histoire.
    À une réunion du MLN, le "Mouvement de Libération de la Négresse" formé par ses amies de la cité U, Frida, devant les fortes dénonciations des "négromachos" s'interroge in petto : "Qui d'entre vous sera suffisamment honnête pour abolir les équations, gommer les couleurs, vaincre ses propres démons. Je les entends parler, je nous regarde faire et ressens avec plus de force encore la nécessité de libérer la négresse". Se libérer de cette peur et de "cette honte d'aimer". Une peur qui remonte loin, au temps de l'esclavage, au temps de la domination des négriers.
    Sur ce champ de bataille où les sexes se livrent une guerre sans fin, Frida affronte aussi les forces destructrices du passé familial. "Il y a des cadavres dans la famille dont personne ne parle. Des ancêtres qui puent. (…) Armée d'un bidon d'eau de Javel, je frotte. Frottez. Frottons. Pour retrouver le fil de l'histoire". Les luttes et les trahisons de son père et de sa mère ont non seulement détruit le foyer, mais ont fait de Frida un être en trop : "je suis née dans un climat de haine. (…) Je suis née dans l'indésirade" dit Frida, qui porte aussi, malgré elle et en elle, le drame qui a frappé son arrière grand-mère . Un drame qui est devenu secret et dont, après un séjour aux Antilles, elle rapporte le terrible souvenir matérialisé par un objet qui lui servira à en terminer avec Eric et fermera le récit sur la terrible mais logique scène finale.
    En toile de fond, Fabienne Kanor invite à une plongée par touches souvent caustiques, dans le quotidien de la communauté antillaise : depuis l'exil en métropole ("le pays des cheminées qui fument") jusqu'à l'obsession de la "mutation" (comme hier chez les Algériens le mythe du retour) en passant par la présence des DOM dans les hôpitaux, par "l'étape barbare du défrisage" pour "échapper à son sort de négresse", ou encore par "le pays de la Black Beauty" où les "fées", toutes "titulaires d'un CAP de coiffure" sont passées maîtresses dans "la déshumanisation de la femme, convertie après passage sous le casque en objet volant non identifié". Dans ce premier roman, Fabienne Kanor n'hésite pas à dispenser quelques coups de griffes - y compris à ses aînés en écriture (Glissant ou Confiant) - montrant, s'il en était besoin, que l'auteur comme son texte ont du caractère.

    Gallimard, Continents noirs, 2004, 207 pages, 16 euros

  • Guide triste de Paris

    Alfredo Bryce-Echenique
    Guide triste de Paris


    Alfredo_Bryce_Echenique.jpgNi "guide", ni vraiment tristes, sont les quatorze nouvelles de ce recueil où l'auteur d'Un monde pour Julius (chez le même éditeur) brosse, entre réalité et imaginaire, les souvenirs et les portraits d'exilés latino américains dans le Paris des années soixante. Plus que de tristesse, c'est peut-être de nostalgie dont il est fait état ici. Ce sentiment qui étreint les plus âgés à l'évocation d'un temps qui n'est plus et d'un espace devenu méconnaissable, où les plus jeunes poussent leurs aînés vers l'inconnu. Comme il est bien loin le temps des études au Quartier Latin ou à l'institut Goethe ! Car le monde de ce "guide triste" n'est pas celui de l'immigration ouvrière mais celui d'une jeunesse estudiantine, passablement insouciante, agrémentée, ici ou là, de quelques figures atypiques et souvent fort estimables comme ce Luis Antonio Vera, "exemplaire de Péruvien optimiste du début à la fin et de A à Z" ou Rosita San Roman, vieille dame respectable, officiant à l'ambassade du Pérou, amatrice de whisky et amoureuse de la ville Lumière, mais qui se laissera prendre par l'un des nombreux pièges tendus par cette "canaille" de Paris.
    Tout au long de ces récits, l'amour est souvent contrarié, la drague prend les allures du machisme sud américain, la littérature, omniprésente, est parfois délaissée pour une autre et exclusive amante : la révolution ; la vie de bohême et sans le sous n'empêche nullement quelques fêtes bien arrosées financées par quelques entourloupettes faites à des paramilitaires argentins et si mai 68 passe, c'est pour y mentionner la "plus belle mort" de ce mois révolutionnaire…
    Le Paris de Bryce-Echenique est encore celui des concierges ; déjà celui des chiens ("la France est sans nul doute le pays au monde qui a la plus forte densité de crottes de chien au millimètre carré de rue") ; toujours celui de voisins irascibles et hypocondriaques qui ignorent que "la vie peut être aussi rythmée et allègre, chantée et dansée…", et éternellement celui des chauffeurs "ronchons, c'est-à-dire parisien".
    Nullement tristes sont ces jeunes exilés latinos. Ils portent en eux une insouciance juvénile et communiquent une joie de vivre rythmée par les danses et les chants du continent sud américain et tant pis si le vin est servi dans des flacons de Nescafé ! Et puis il a ce Paris dont beaucoup sont tombés amoureux au point de ne plus le quitter. Bryce-Echenique égrène alors les joies mais aussi les douleurs et les drames des uns et des autres comme ceux qui ont traversé la vie de Guillermo Ojeda, vieillard de cent douze ans qui, du fond de son lit, se remémore de vieilles histoires : "je suis péruvien et noir et en plus j'ai voulu être français et heureux sans renoncer à être péruvien et noir, car j'en suis fier, et je n'ai voulu qu'ajouter un "et en plus français et heureux" à tout ce que j'attendais de ma venue à Paris, dans le milieu du XXe siècle".
    Alfredo Bryce-Echenique livre son "guide" dans une prose élégante et légère, maniant l'humour avec finesse et décochant quelques coups de griffes toujours avec retenue. Cette langue et cette exigence littéraire ne sont sans doute pas peu pour rendre ces récits, in fine, si peu attristants.


    Traduit de l'espagnol (Pérou) par Jean Marie Saint-Lu, éd. Métailié, 2003,187 pages, 16 euros