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Jihad. Expansion et déclin de l'islamisme

Gilles Kepel

Jihad. Expansion et déclin de l'islamisme


gilles_kepel.jpgDirecteur de recherche au CNRS, membre de l'Institut d'études politiques de Paris et célèbre essayiste, l'auteur diagnostiquait dans cet ouvrage l'échec de l'islamisme politique, à tout le moins d'une certaine dynamique. Armé d'une grille de lecture sociologique, il s'appliquait à montrer les antagonismes internes, les objectifs différents et les intérêts contradictoires des diverses composantes d'un mouvement idéologique et politique né dans les années soixante-dix et dont les premiers signes d'essoufflement seraient perceptibles dès le milieu des années quatre-vingt-dix.

Gilles Kepel, dont l'ambition avouée est "de rendre compte du phénomène dans son ensemble, à travers le monde, pendant le quart de siècle écoulé", décrypte discours et textes, dissèque les évolutions pays par pays : Arabie saoudite, Égypte, Malaisie, Pakistan, Iran, Afghanistan, Algérie, Palestine, Soudan, Jordanie et Turquie. Il analyse, sans entrer dans le détail, et on peut le regretter, les contradictions et les enjeux internationaux : rivalité entre l'Iran et l'Arabie saoudite, politique américaine... Il soupèse enfin les retombées en Bosnie et en Europe occidentale. Faisant la somme des données factuelles sur la question, l'auteur propose aussi une interprétation globale. La caractéristique essentielle de l'islamisme contemporain résiderait dans sa composition sociologique. Après avoir esquissé le portrait idéologique de Sayed Qotb, de Mawdoudi et de l'ayatollah Khomeiny, les maîtres à penser des différents mouvements islamistes, G. Kepel explique par le détail comment l'alliance entre des classes moyennes pieuses et une jeunesse urbaine pauvre, qui a fait un temps - le "moment d'enthousiasme" de Marx - le succès du mouvement, a éclaté au mitan de la décennie quatre-vingt-dix. Cette combinaison sociale d'intérêts contradictoires ne résistera pas à l'épreuve des luttes contre les pouvoirs en place qui se sont appliqués à diviser et à opposer les composantes bourgeoise et populaire (Égypte, etc.), pas plus qu'elle ne résistera à l'exercice du pouvoir (Iran, Soudan...). Qu'il s'agisse du salafisme (respect strict et rigoriste de la tradition), du djihadisme version pakistano-afghane, des gama'a el islamiyya et des Frères musulmans égyptiens, du prosélytisme tendance Ben Laden, de l'islamisme turc ou encore du chiisme de Khomeyni, le diagnostic est général : le mouvement est en perte de vitesse. Bien souvent de Londres, dans le fameux "Londonistan", les idéologues du mouvement tirent la sonnette d'alarme et invitent à repenser l'action en tenant compte des erreurs passées. De ce point de vue, la radicalisation violente et meurtrière est perçue comme l'une des causes de l'échec. Une utopie se meurt, usée par l'épreuve du temps, minée par sa propre folie. Pour les classes moyennes pieuses, qui désormais se méfient des classes pauvres, repenser l'action consiste aussi à tenir compte des évolutions des sociétés civiles et de leur adhésion à des valeurs et principes universels (droits de l'homme, démocratie...). La pensée évolue, qui cherche à trouver des terrains d'entente plutôt que d'affrontement avec les milieux laïcs et l'Occident. Les intérêts de classe dominent (!) et les considérations économiques prennent le pas sur l'idéologie. Gilles Kepel l'illustre par des exemples qui rappellent que "l'islam, comme toute autre religion, est aussi une "existence", et [que] ce sont les musulmanes et les musulmans qui lui donnent corps".

Mais si les moyens sont à repenser, les objectifs et le caractère difficilement conciliable des projets de société demeurent ! Dès lors, quel crédit accorder à des discours qui, tout en maintenant fort logiquement des références islamiques, prétendent s'inscrire dans un cadre politique universel ? Pour certains observateurs, il ne s'agirait là que de la bonne vieille pratique du double langage, avec des discours de circonstance, audibles et donc publics pour les uns, et une réalité tout autre pour les autres... Alors, en a t-on fini avec l'islamisme ? Rien n'est moins sûr, comme le note l'auteur, car l'évolution de ce mouvement dépend... de la capacité des régimes en place à démocratiser leur société. Leur responsabilité est entière, hier comme aujourd'hui. Le mouvement islamiste est l'expression d'une dynamique qui a su mobiliser des groupes sociaux aux intérêts divergents contre des dirigeants liberticides et mafieux, hostiles justement à toute évolution de leur société. Le déclin de l'islamisme est, pour Gilles Kepel, le déclin de ce processus de mobilisation spécifique et historiquement marqué. La balle serait donc dans le camp des pouvoirs en place : à eux de démocratiser, sinon le risque demeure grand de voir, sous une forme ou sous une autre, resurgir le spectre de l'islamisme contestataire. Force est déjà de constater qu'il n'a nullement disparu en Algérie, que le Hamas palestinien mobilise à nouveau et qu'au Maroc (un pays malheureusement absent de ce livre), il serait plutôt en pleine ascension. Mais sommes-nous toujours dans le cadre de la dynamique sociale décrite par Gilles Kepel ?


Gallimard, 2000, 452 pages




Commentaires

  • Comment l’Islamisme est-il apparu, quelles mutations a-t-il traversé, où en est ce phénomène aujourd’hui ? Telles sont les questions auxquelles tente de répondre Gilles Kepel, l’un des principaux spécialistes français de l’Islam politique contemporain. Vingt-cinq ans après l’expansion du fondamentalisme saoudien, deux décennies après la Révolution iranienne, le chercheur juge l’heure des bilans venue. Cette réflexion repose sur une argumentation solidement charpentée, contestable aussi, et ce livre est l’occasion d’une synthèse historique riche et stimulante, l’une des premières du genre en France. Le mérite de Jihad est bien là : mine d’informations clairement présentées, il ouvre un débat, suscite des réflexions… sans éviter un certain nombre d’écueils. L’auteur se distingue par la qualité de son approche historique, mettant bien en lumière les grandes phases de développement du phénomène islamiste, restituant parfaitement les dynamiques d’ensemble qui impriment leur marque au mouvement à chacune de ses étapes. Kepel discerne ainsi avec justesse :

    - une période de gestation qui voit la constitution de la matrice idéologique islamiste (fin des années 1920-fin des années 1960) et de ses réseaux de diffusion;

    - une évolution graduelle du contexte international et économique qui crée des conditions favorables au succès de l’Islamisme (1967-1973);

    - la formation et le début du rayonnement des grands foyers d’Islamisme : Arabie Saoudite, Egypte, Iran, Pakistan (1974-1982);

    - une phase d’expansion tous azimuts à partir de ces quatre bastions initiaux qui irriguent dans de nombreux pays : Soudan, Algérie, Tunisie, Turquie, Liban, Palestine, Afghanistan, Europe occidentale (1982-1991);

    - un basculement de nombreux mouvements islamistes dans la violence : Algérie, Afghanistan, Egypte, Pakistan, Palestine, Bosnie, intérêts occidentaux (1992-1997);

    - une période marquée, selon l’auteur, à la fois par un reflux de l’Islam activiste, visible tant en Turquie, qu’en Algérie ou en Egypte, que par une mutation de l’Islamisme modéré (depuis 1997).

    Le chercheur complète cette approche historique par une analyse sociologique, seconde force du livre, qui révèle les grandes constantes de ces mouvements par-delà les différences nationales. L’Islamisme, phénomène de rejet agrégeant les frustrations, est, comme tout mouvement de ce type, fragilisé par de fortes dissensions internes et tiraillé entre deux pôles : une jeunesse urbaine désoeuvrée formant une précieuse masse aux revendications plus ou moins révolutionnaires; une bourgeoisie pieuse et conservatrice, souvent des commerçants ou des artisans, effrayés devant l’occidentalisation et soucieuse d’un retour aux valeurs traditionnelles. A l’exception de Khomeiny en Iran, et Kepel montre que ce fut la force majeure de la Révolution iranienne, aucun mouvement, nous dit-il, n’a su durablement unir ces deux composantes. L’auteur voit là la cause principale de l’échec de l’Islamisme, solution sans issue car sans cohérence propre.

    Cette lecture "transversale" du phénomène islamiste, combinant approche historique et analyse sociologique a cependant ses limites : la vigueur du fondamentalisme dans la péninsule arabe, sa percée en Iran, son échec, pacifique en Turquie, violent en Algérie, s’expliquent largement par des facteurs propres à la culture religieuse et politique de chacun de ces pays, approche que Kepel ne néglige pas toujours mais qu’il n’analyse pas réellement en profondeur : enracinement du wahhabisme en Arabie Saoudite, place spécifique du clergé en Iran, attachement à la laïcité et au pluralisme en Turquie, "culture de la violence" liée aux souvenirs de décolonisation en Algérie… Il manque ici une étude complémentaire et comparative entre pays réfractaires à l’Islamisme et terres d’accueil de ce courant, qui aurait permis de dégager ces facteurs nationaux de blocage.


    Les principales critiques que l’on peut adresser à l’auteur portent toutefois sur son analyse des dix dernières années. On peut regretter que, concernant une période si rapprochée, pour laquelle on ne dispose pas encore de recul historique, le chercheur n’ait pas fait préalablement un bilan des recherches et des interprétations existantes. De plus, et si bien documenté soit-il, l’ouvrage manque d’une bibliographie en bonne et due forme, en fin de volume.

    La thèse défendue par Kepel est la suivante: le développement de l’Islamisme correspondrait à une phase de tension liée au contexte socio-économique et politique des années 1970-80, mais sa faillite à la fin du siècle ouvrirait la voie au pluralisme et à la démocratie. Il convient ici d’explorer plus en avant cette argumentation afin de mieux l’analyser. D’une part, nous dit l’auteur, l’avènement d’une nouvelle ère (moindre pression démographique et exode rural ralenti; mondialisation accélérant l’occidentalisation) créerait aujourd’hui des conditions moins favorables à l’Islamisme. D’autre part, l’expérience d’une phase de repli identitaire permettrait paradoxalement à ces sociétés, en réaction à ces excès, de s’approprier pluralisme et démocratie, notions jusqu’alors perçues comme d’importation occidentale. Kepel montre que, lasses des promesses non tenues et des violences, les populations rejettent effectivement autoritarisme politique et Islamisme, de plus en plus renvoyés dos à dos, et ressentent une profonde aspiration au pluralisme. L’inflexion du discours islamiste modéré, qui s’inspire désormais de principes hier encore honnis (notamment en matière de droits de l’homme) s’inscrirait dans ce contexte nouveau.

    Deux critiques majeures doivent être apportées à cette vision quelque peu angélique. La première remarque concerne l’évolution des mouvements islamistes proprement dits dont l’étude est faussée par le caractère incomplet du champ balayé par Jihad : l’auteur "oublie" les mouvements marocains (cf. M. Tozy, "Qui sont les Islamistes au Maroc", Le Monde Diplomatique, août 1999), tunisiens, ou libyens, néglige l’Islam asiatique, se limitant au cas malais, sans évoquer l’Inde, l’Indonésie et les Philippines (cf. J-C P. "Trente ans de défense des intérêts musulmans dans le Sud philippin", Le Monde, 28 août 2000) et la nébuleuse islamiste d’Asie centrale (V. Chatériau, "La Vallée de la Ferghana, Coeur divisé de l’Asie centrale", Le Monde Diplomatique, mai 1999) ainsi que celle du Caucase.

    Par ailleurs, il passe sous silence l’oeuvre d’islamisation au Nigeria. Apparus dans une période plus récente, le plus souvent au cours de la décennie 1990, nombre de ces mouvements semblent aujourd’hui en pleine expansion (Cachemire, Xinjiang, Tchétchénie, Sud des Philippines, Moluques) et s’inscrivent parfaitement dans cette dérive activiste que l’auteur juge pourtant dépassée. A dire vrai, tous ces mouvements sont encore mal connus, car d’apparition récente ou sortant du champ d’investigation d’islamologues traditionnellement tournés surtout vers le monde arabe. Au total, le bilan des années 1990 semble contrasté et il n’est pas certain que cette décennie représente réellement une rupture : d’un coté, un recul (ou, on le verra, une reconversion) effectivement observable dans les foyers originels de l’Islamisme, de l’autre, et dans le prolongement des décennies précédentes, une poursuite de la dynamique d’expansion géographique.

    La seconde critique porte sur le legs de l’Islamisme, sur ses conséquences à long terme sur les sociétés. L’analyse du phénomène en terme d’étape dans une marche vers des sociétés démocratiques doit être questionnée à trois niveaux : quel sens, en premier lieu, donner au déclin effectif de l’Islam activiste dans certains pays ? Le coup d’arrêt porté à peu près simultanément depuis 1997 en Algérie, en Egypte et en Turquie, doit plus à l’emploi systématique et planifié de la force par des régimes autoritaires à forte imprégnation militaire qu’à un mouvement spontané venu des sociétés civiles.

    De la Tunisie à l’Ouzbékistan, les pouvoirs en place ont pu, en agitant l’épouvantail islamiste, différer la libéralisation politique (Egypte, Tunisie, Algérie), voire accroître leur emprise sur la société (Ouzbékistan). La place prééminente de l’armée dans nombre de ces Etats s’en est bien souvent trouvée pérennisée. C’est le cas de la Turquie (pressions continues sur le gouvernement Erbakan puis coup d’Etat "déguisé" de 1997), mais surtout de l’Algérie, cas extrême de militarisation de l’Etat enracinée dans la guerre d’Indépendance. Ici, tout semble s’être en effet passé comme si les militaires, en brisant, en 1991-92, le processus démocratique amorcé, avaient clairement pris le parti de l’épreuve de force. Radicalisant l’Islamisme, l’armée a ainsi fait basculer le pays dans la guerre, et porte une responsabilité écrasante dans les atrocités qui ont marqué le conflit : sa stratégie planifiée d’inaction face aux massacres du GIA, voire, en 1997, l’encadrement pur et simple de ces actes, a littéralement anéanti la société civile et du même coup l’opposition islamiste modérée (le FIS). Le pays reste aujourd’hui prisonnier de cette logique de fuite en avant : la politique de concorde civile de Bouteflika, tentative pour rompre avec cette logique, n’a pas stoppé les violences.

    En Egypte aussi, la neutralisation de l’Islamisme radical a également été marquée par un déploiement militaire et policier considérable qui n’a fait que renforcer l’éloignement du pays du modèle d’un Etat de Droit.

    On le voit, la stratégie de l’Islamisme radical, de porter dans ces pays la lutte sur le terrain de la violence s’est révélée vaine face à des Etats passés maîtres dans cette pratique. A moyen terme, cet autoritarisme et cette militarisation sont donc sortis raffermis de cette longue lutte, ce qui n’augure rien de bon : la violence engendre souvent la violence, et c’est précisément sur le terrain répressif et autoritaire des années 1970 qu’a fleuri l’Islamisme.

    On peut se demander quelle signification donner au ralliement de l’Islamisme modéré à certaines valeurs occidentales : est-il le prélude à un vaste aggiornamento ou faut-il y voir une simple tactique nouvelle de conquête des esprits ? Kepel penche pour la seconde option. Sans doute convient-il plutôt de distinguer deux processus concomitants : les islamismes turcs et iraniens paraissent effectivement en déclin, ou du moins sans issue. En Turquie, la soif de pluralisme et d’occidentalisation est telle que l’Islamisme est lui-même "contaminé" par cet esprit d’ouverture, en témoigne l’attitude nouvelle du parti Fazilet qui a succédé au Refah en 1997. En Iran, de nombreux analystes convergent pour dire qu’on assiste aujourd’hui à une conversion en profondeur des mentalités qui gagne les islamistes modérés… Changement qui gagne les relations internationales : le pays n’est plus ce rogue-state, trop longtemps considéré par les Américains comme l’incarnation du danger (A. Basbous, l’Islamisme, Une révolution avortée ? Hachette, 2000).

    Il en va tout autrement de l’Islamisme sunnite, issu du vieux "coeur" musulman arabe. Leur changement de ton, loin d’abord de concerner tous les mouvements fondamentalistes, paraît plutôt mû par des intérêts tactiques: la capacité des fondamentalistes à se couler dans le moule de pensée moderne, à islamiser en somme la modernité est en effet une constante; elle est multiforme : utilisation de moyens de communication modernes (Internet), développement de réseaux sociaux efficaces, adoption de discours populaires (thème des droits de l’homme à destination des pays occidentaux, thème du nationalisme arabe au Proche-Orient de plus en plus investi par les fondamentalistes, de Hamas au Hezbollah en passant, plus récemment, par l’Irak), voire participation au processus électoral (au Maroc, les militants de l’Islah, principale organisation islamiste, représentent la moitié des candidats du parti vainqueur aux élections de 1997).

    Enfin, il reste une dernière question, la plus intéressante, sans doute, et qu’élude malheureusement Kepel : quelle sera la portée de l’islamisation des sociétés entreprise par la plupart des régimes en place dans les pays musulmans sous la pression plus ou moins directe des fondamentalistes ? Car l’islamisme n’est pas seulement mouvement de contestation, à fonction "tribunitienne", exprimant les ressentiments de catégories marginalisées ou déçues. Il est aussi et surtout dynamique agissant en profondeur sur la société et dépassant largement les frontières de l’Islam activiste ou politique, et cette dynamique n’est pas réellement étudiée dans Jihad.

    Depuis une vingtaine d’années, on observe que la charia, dont les principes sont, rappelons-le, aux antipodes des règles qui régissent une société démocratique, s’immisce peu à peu dans tous les domaines de la vie de ces pays (notamment au Soudan, au Pakistan, en Egypte), et plus particulièrement l’éducation et les moeurs, touchant ainsi à la formation des consciences et aux aspects les plus intimes de la vie. On voit mal, dans ce contexte, un déclin de l’Islamisme dans un avenir proche… D’autant que l’explosion du nombre d’écoles coraniques en tous genres, ces dernières décennies, nous explique O. Roy, jette sur le marché "des milliers de prédicateurs n’ayant d’autres compétences que leur vague connaissance de la charia : l’islamisation de la société est pour eux le seul moyen de promotion sociale". ("Un fondamentalisme sunnite en panne de projet politique", Le Monde Diplomatique, octobre 1998) Une logique sociale, donc, qui va à l’encontre de la problématique de Kepel évoquée plus haut. Ce puissant mouvement d’islamisation rampante ne semble pas en perte de vitesse, loin de là : une foule de mesures législatives récentes prises dans le monde arabe vont dans ce sens.

    Si l’on rapproche ce processus profond de la capacité, mentionnée plus haut, et de plus en plus nette, des fondamentalistes à s’adapter à la modernité, on peut se demander si l’on n’assiste pas, bien plutôt qu’à un reflux, à un approfondissement de la dynamique islamiste. Comme l’observe A. Basbous, auteur cette année d’une autre et fort intéressante étude-bilan de l’Islamisme, les peuples musulmans éprouvent toujours un malaise et un sentiment d’humiliation vis-à-vis de l’Occident. Le même auteur pronostique l’émergence d’une relève islamiste "qui prendra, à n’en pas douter, le relais de la vague qui vient de s’abattre".

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