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Le Fil rouge portugais

Jean-Pierre Péroncel-Hugoz

Le Fil rouge portugais, Voyages à travers les continents


Hidalgo.jpgExisterait-il une façon portugaise d’enlacer le monde ? À suivre l’ancien correspondant du Monde en Afrique du Nord et au Proche-Orient puis grand reporter-voyageur pour le compte du même quotidien, le lecteur est enclin à le penser.

Depuis son impertinent et visionnaire « Radeau de Mahomet » paru en 1983 jusqu’à son roboratif et prophylactique « Villes du Sud » (réédité chez Payot en 2001), ce bourlingueur, adepte averti de Paul Morand, ne cesse de promener sur le monde et ses furies son regard gourmand et tranquille pour ensuite, d’une plume alerte et toujours intransigeante, offrir des récits chatoyants, brillants d’intelligence, souvent insupportables à ceux qui, dans les palais, les salons ou les temples, s’érigent en maîtres de la doxa.

On le retrouve ici avec un égal bonheur dans ses pérégrinations lusitanes qui, depuis le « pudique » mais « fier » Portugal en passant par Ceuta (première conquête outremer des Portugais en 1415), l’Afrique noire puis l’Océan Indien et l’Asie ont mené sa grande carcasse au sommet dégarni jusqu’au géant brésilien.

Selon un adage du siècle dernier « les Français apprirent le droit aux indigènes de leurs colonies, les Anglo-Saxons la comptabilité, les Portugais se contentant de les associer à leurs débauches... ». Aussi, au détour d’un séjour à Macao, Péroncel-Hugoz rappelle qu’« ici comme en Afrique et en Amérique, nos sages Portugais pratiquèrent, évidemment, « l’intégration raciale voluptueuse » reprenant l’expression à son confrère Jean de la Guerivière.

Le « remarquable » est que les métissages issus de cette présence portugaise dans le monde ont « réussis car harmonieusement absorbé par la nation-souche et, [sans avoir] créé, Dieu merci, de nouvelles catégories avec vocation à se sentir discriminées », ont maintenu « les talents initiaux de cette ethnie travailleuse et hauturière, de ce Portugal minuscule mais cosmocrator. Après la dilatation universelle, ajoute l’auteur, il fallait bien une stabilisation, sinon jusqu’où serait-on allé ? ». Pour Péroncel-Hugoz, « les Portugais sont tout ce qu’on voudra sauf une nation-pute. C’est ce que j’ai préféré, et de loin, chez eux, dans un univers où la putasserie gagne à peu près partout ».

Mais enfin à cela il convient d’ajouter l’énorme brassage de la botanique mondiale - remue-ménage « quasi universel sur lequel d’immenses contrées vivent encore, ainsi l’Afrique noire dont le manioc brésilien devint l’aliment de base » - et surtout la diffusion pérenne et orbicole de la langue de Miguel Torga « le plus puissant écrivain lusophone du XXè siècle » dont on retrouve la marque jusque dans le vocabulaire... nippon. La lusophonie représenterait aujourd’hui un « ensemble pluri-continental » fort de près de 250 millions de locuteurs.

 

Ed.Bartillat, 2002, 282 pages, 24 euros

 

 

 

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