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Dérèglements

Ammar Abdelhamid
Dérèglements


auteur_10.jpgAmmar Abdelhamid est syrien et, selon l’éditeur, il vivrait à Damas. Une fois ce livre sulfureux refermé, on s’interroge sur la liberté prise par cet auteur qui, avec ce premier roman, signait un récit sans concessions pour les sociétés arabes et les dictatures qui les plombent. À commencer par la Syrie !

Rarement, dans la littérature arabe contemporaine un texte aura été si loin et si crûment dans la dénonciation du machisme, du conservatisme et des dictatures politiques ou religieuses qui bâillonnent les peuples et leurs intellectuels.

De quoi s’agit-il ? Dans un texte mêlant récit, pensées intérieures, “sentiments” et extraits de livres, le lecteur telle “une divinité dans ce monde” finit par connaître la vie privée, les secrets les plus intimes et les ressorts psychologiques de quatre personnages dont les existences traversent une période de “dérèglement”. La tendre harmonie du couple formé par Kindah et Nadim, tous deux intellectuels de renommée internationale, opposants notoires au régime et bêtes noires des islamistes, est mise à mal par le désir d’enfants de Kindah.
Hassan, jeune homme doué d’un sens olfactif hors du commun, se débat entre ses obligations familiales, par son cheikh de père imposées, et ses propres aspirations. Enfin, Wisam, jeune femme au foyer, insatisfaite par son mariage, subit les assauts du conjoint comme autant de corvées odieuses et répugnantes.

En croisant les désirs, les attentes et les besoins de ces quatre destins arabes, l’auteur montre que les vrais “dérèglements” ne sont pas ceux de ces hommes et de ces femmes en quête de liberté de pensée, de tendresse, de sexualité (y compris dans l’adultère, l’homosexualité ou le libertinage) mais plutôt du côté d’une société où l’esprit est emprisonné derrières les barreaux de la dictature ou de l’intégrisme et où les corps sont enchaînés par le conservatisme et les frustrations. Ammar Abdelhamid dénonce avec force et sans fioritures les conséquences du mensonge généralisé et des tartuferies politico-religieuses : pédophilie, inceste, domination des mineurs par les aînés et, bien sûr, étouffement d’une moitié de l’humanité par la gent masculine.

Traduit de l’anglais (Syrie) par Stéphane Camille. Edition Sabine Wespieser, 2002, 194 pages, 19 €

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