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Nedjma et Guillaume

Renia Aouadène

Nedjma et Guillaume

Rania.jpgMarseillaise, enseignante en lycée professionnel dans les quartiers nord de la cité phocéenne, Renia Aouadène  signe ici son premier roman après un recueil de nouvelles et une pièce de théâtre parus chez le même éditeur.
L’écriture sent sa salle de classe et le texte n’est pas exempt de passages surprenants ou de maladresses comme ce tout premier échange entre Nedjma et Guillaume : « je viens d’un pays où les mosquées se multiplient de jour en jour comme si elle pouvait se substituer au pain qui manque tant à mon peuple ! ». Bien, en guise d’entrée en matière, il faut désirer aller plus avant…
Pourtant, le personnage de Nedjma prend forme. Nedjma est une Algérienne en vacances à Marseille. Dans une église, elle rencontre Guillaume, le prête du lieu. Elle, la musulmane y est entrée pour un moment de paix, lui, le prêtre, troublé, se surprend à quelques regards et élans nouveaux.
Au creux de ce premier récit, se glisse une autre histoire, une autre femme : Djanina appartient à autre génération, celle de la guerre d’indépendance. Jeune, elle s’était engagée dans la lutte armée. Ces pages, souvent dithyrambiques et pompeuses, notamment pour la figure de Messali Hadj, sont sans originalité. Mais ici se niche, dans le secret d’une histoire familiale, le lien qui unit Nedjma et Guillaume : en prison, Djanina rencontra un médecin originaire des Cévennes avec qui elle eut un enfant. Ce fils d’un Roumi et d’une Algérienne vivra, élevé par la famille de Djanina. « Cet enfant (…) sera la preuve, la trace que notre amour fut un temps possible (…) » dit Djanina. Comme un lointain écho, Nedjma lui répond : « Si les Algériens pouvaient ! Il n’y a pas de peuple en ce monde qui soit issu d’un mélange aussi multiple. De nombreux conquérants ont traversé cette terre, certains sont restés, d’autres sont repartis mais nous avons intégré au fil des siècles toutes ces cultures. Nous sommes un et multiple. »
L’histoire entremêlée de la France et de l’Algérie continue de s’écrire, incarnée par les liens que tissent, petit à petit, Nedjma et Guillaume. Entre eux il est d’abord question de discussions théologiques, du sort des femmes en terre d’islam - « parler avec les hommes tel est le problème dans les pays musulmans » - du retour obligé sur le mythe andalou et de l’Algérie de Bouteflika qui a « permis aux chiens de retourner dans leur niche pour y couler des jours heureux, avec la bénédiction des maîtres… telle est ma terre, nous n’en sortirons jamais ! » dit Nedjma.
Bien trop démonstratif par endroits, l’intérêt du livre tient dans ce lien qui s’esquisse, les doutes et cette force souterraine qui poussent Nedjma et Guillaume irrésistiblement l’un vers l’autre, bousculant les tabous et bravant les interdits.
Marsa est une maison d’édition spécialisée dans la littérature algérienne. Depuis bientôt seize ans, elle a publié bien des auteurs, jeunes dans la carrière ou confirmés. Elle édite également la revue Algérie Littérature Action.

Edition Marsa, 2009, 92 pages, 13€
Edition Marsa : 103, bd MacDonald 75019 Paris, www.algerie-litterature.com, marsa@free.fr

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