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Peinture

  • Foujita, Le maître du trait

    Anne Le Diberder (Textes)

    Foujita, Le maître du trait


    foujita2.jpgNé en 1886 à Tokyo, étudiant à L’École des beaux-arts de la capitale nipponne, Tsuguharu Foujita arrive à Paris en 1913. Dans le Paris cosmopolite de l’entre-deux guerres, il rencontre Picasso, Modigliano, Soutine… Il souffle alors sur la capitale française un vent de liberté porté par ces artistes débarqués des quatre coins du monde et qui se retrouvent autour du quartier Montparnasse. En 1920, il expose au Salon d’automne. Le public peut y découvrir ce que seront les principaux thèmes de son œuvre : nus féminins, portraits, chats, paysages et rues de Paris, scènes d’intérieur… Foujita a déjà commencé à « allier la rigueur du trait japonais à la liberté de Matisse » et surtout à mettre au point son fameux « traitement » de la toile, ses mystérieux fonds blancs qui étonneront Picasso. Le lecteur apprendra que ce mystère est aujourd’hui levé grâce à la restauration par le Conseil général de l’Essonne, entre 2001 et 2007, des cinq grandes compositions dont il est propriétaire.
    Un brin dandy, le plus parisien des peintres japonais et le plus japonais des peintres français, deviendra une figure incontournable du tout Paris. Mais ce dandysme affiché n’est qu’une apparence : Foujita est un travailleur acharné, un curieux à l’œuvre déjà forte et un infatigable créateur qui n’a cessé de jeter des ponts entre des traditions culturelles différentes. Après un tour du monde de trois ans, commencé en 1931, suivi d’un séjour au Japon de six, Foujita revient en France en 1939. Surpris par la guerre, il rentre au Japon. C’est en 1950, soit quelque vingt années après son départ,  qu’il retrouve Paris.  Cinq ans plus tard, Foujita obtient la nationalité française et en 1959, il se convertit au catholicisme. Il choisit de se prénommer Léonard en hommage à Léonard de Vinci. « Chantre entre les deux guerres de la beauté féminine voluptueuse, Foujita, dans les années 50, prend le parti des « verts paradis des amours enfantines » avant de se consacrer à la peinture religieuse. Il passera les dernières années de sa vie dans sa maison-atelier de Villiers-le-Bâcle, dans la Vallée de Chevreuse, une maison devenue depuis musée. Il y meurt le 29 janvier 1968.
    30.jpgFoujita, le maître du trait est un très beau livre, magnifiquement illustré par des tableaux de l’artiste et des photos,  le tout présenté par Anne Le Diberder, attachée de conservation au Conseil général de l’Essonne. « Foujita inventait une œuvre tout en transparence, parfois plus proche du dessin que de la peinture. Son art a suscité autant d’interrogations que d’admiration, tant la mise en œuvre semblait étrangère au savoir-faire occidental. » Sans jamais jargonner, Anne Le Diberder donne à lire et à voir les œuvres du maître. Elle explique les ressorts techniques et l’originalité des créations, la fusion de la peinture à l’huile occidentale  et de celles des estampes japonaises. Tout est passé en revue, disséquer : techniques des aplats, monochromie, fonds blancs opalescents, rendu des modelés, finesse et élégance du trait… Anne Le Diberder a su aussi restituer les créations de Foujita dans l’histoire personnelle du peintre, suivre les traces des filiations culturelles, l’influence ou les résonnances du contexte socio-historique.
    Tsuguharu Foujita a inventé une technique, une façon de peindre et de dessiner qui lui est propre, mêlant l’apport de la peinture occidentale à sa culture d’origine, à l’art notamment des estampeurs. Faut-il parler de « métissage » ? C’est avec prudence que le mot est utilisé dans l’ouvrage. Les créations de Foujita inscrites dans une double culture relèvent d’une dialectique dont la synthèse débouche sur une œuvre nouvelle, une œuvre en soi, irréductible à ces seuls constituants d’origine. Une œuvre unique, « personnelle »,  sans inspirateurs directs ni héritiers proclamés.

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    Edition Philippe Picquier, 2008, 206 pages, 29,50