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La citation du jour

« (…) nous avons marché et marché et marché encore sur la fine limite entre exister et ne pas exister sur la fine limite du sensible nous avons marché gardé l’équilibre suspendus à un vide plus grand que nous et sans vertige et sans peur sans même imaginer la chute possible et le fracas de nos carcasses en bas tout en bas du devenir nous avons marché et marché et marché encore en équilibre sur cette fine limite entre le possible et l’impossible nous avons parcouru falaises après falaises toujours attentifs à ce monde qui sous nos enjambées dépérit désespère abandonne nous avons marché toujours car nous ne savons rien faire d’autre et seulement un pas et un pas et un pas  et la pierre toujours la pierre qui meurtrit la plante de nos pieds désagrège le reste de cuir de nos chaussures nous avons marché comme seuls les bons à rien savent le faire nous avons marché un pas et un pas et un pas encore nous nous sommes usés jusqu’à la corde et jusqu’au tendon mais sans réticences sans jamais jamais  jamais regarder en arrière ni émettre le souhait d’être ailleurs d’être demain d’être hier nous avons marché simplement là simplement engourdis courbatus et sales aussi nous avons marché et marché et marché à pierre fendre dans les jours creux les promesses d’un main qui n’en finit pas et la curieuse quotidienneté de la pluie sur nos visages travaillés par les ans nous avons marché et il a fait froid très souvent (…) »

 

Yannick Torlini, Nous avons marché, Al Dante 2014

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