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  • Un si parfait jardin

    Sofiane Hadjadj, Michel Denancé

    Un si parfait jardin

     

    sofiane_hadjadj.jpgSofiane Hadjadj opère dans la figure littéraire. L’Algérie ne se cache pas ici derrière un prénom, une femme, une maison ou un métier à tisser mais prend la forme d’un jardin bien connu des Algérois : le jardin d’Essai du Hamma du côté de Belouizdad (l’ex Belcourt le quartier du jeune Camus).

    Le 21 juin 2003, un mois après le tremblement de terre qui frappa Boumerdès et sa région située à l’est d’Alger, Naghem L., revient dans sa ville natale après dix ans d’absence.  Jeune paysagiste, il a décidé, seul, d’évaluer les dégâts occasionnés par le séisme dans le Jardin d’Essai.

    Fondé en décembre 1832, soit un an et demi seulement après le débarquement, le jardin d’Essai aurait été « l’instrument le plus approprié pour matérialiser la prise de possession du sol et « préparer le terrain » (…) à la venue des colons ». A voir. Mais là n’est pas l’essentiel. Toutes les bonnes et désintéressées intentions de Naghem L. buteront sur les secrets et les intrigues qui, en sous-mains, se trament autour du lieu. L’état du jardin est vite fait : absence d’inventaire, manque de moyens, déni d’un travail sur la mémoire du site, dégradations, multiplication des zones d’ombre quant à l’entretien et à la gestion du jardin, trafics divers, négligence généralisée... C’est la riche histoire de l’Algérie indépendante sur quelques dizaines hectares.

    Les d’abord naïves investigations de Naghem L. finissent par inquiéter. D’autant plus qu’il reçoit l’aide mystérieuse et opportune du Dr Fahci, ci-devant directeur accusé à tort de vol qui tient ses éloquents dossiers à disposition. Les pontes du moment s’empressent de faire disparaître toutes les archives. Autrement dit, du passé faisons table rase, exit la mémoire des lieux et autre vérité historique. Avant nous, il n’y avait rien, après nous, le déluge ! « La mémoire, voilà l’enjeu de notre époque.  Ou plutôt l’absence de mémoire. On veut faire de nous des êtres amnésiques… » dit d’ailleurs le Dr Fahci.

    Comme cette petite histoire ou longue nouvelle signée Sofiane Hadjadj, par ailleurs fondateur des éditions Barzakh, est publiée dans la collection Collatéral, qui croise littérature et photographie, le livre contient aussi des photos de Michel Denancé.

     

    Edition Le bec en l’air, collection Collatéral, 2007, 102 pages, 14,50 €